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Détention provisoire abusive au Cameroun : La CDHC tire la sonnette d’alarme

À l’occasion de la Journée africaine des Droits de l’Homme et des Peuples commémorée ce 21 octobre sur toute l’étendue du territoire national et partout ailleurs sur le continent, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) alerte sur l’urgence de réformer la détention provisoire, qualifiée de dérive chronique du système judiciaire national.


L’impunité institutionnelle, les lenteurs judiciaires et la surpopulation carcérale s’entretiennent dans un cercle vicieux. C’est le cri d’alerte lancé par la CDHC à l’occasion de la Journée africaine des Droits de l’Homme et des peuples, célébrée ce 21 octobre 2025 sous le thème : « Justice pour les africains et les personnes d’ascendance africaine à travers des réparations ».
Signée par Raphaël Galega Gana, vice-président de la Commission, la déclaration parvenue à notre rédaction insiste avec gravité sur l’abus de la détention provisoire, qu’elle qualifie de préoccupation majeure. Une problématique devenue structurelle, dénoncée depuis plusieurs années, mais dont les effets délétères s’aggravent dans les prisons camerounaises. « La lenteur du traitement des dossiers judiciaires, la corruption, ainsi que la faiblesse de la communication entre le parquet et les établissements pénitentiaires constituent des facteurs déterminants de cette surpopulation », déplore la CDHC.
À cela s’ajoutent les conditions de vie précaires et l’insuffisance d’encadrement juridique pour les personnes privées de liberté, souvent incarcérées sans jugement pendant des mois, voire des années.
La Commission martèle à cet effet que la réduction des détentions arbitraires et la réhabilitation des victimes des dysfonctionnements de la justice pénale doivent désormais s’imposer comme formes concrètes de justice réparatrice. Ce message s’inscrit pleinement dans l’esprit du thème retenu cette année par l’Union africaine, qui met en lumière la nécessité de réparation pour les injustices passées et présentes, notamment celles issues de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid ou encore des pratiques judiciaires inéquitables.
Mais au-delà de ce diagnostic sévère, l’instance présidée par James Mouangue Kobila, n’omet pas de saluer certaines avancées nationales. Elle félicite, entre autres, la mesure présidentielle du 22 juillet 2025 réservant l’exploitation de l’or du site de Kambélé aux artisans autochtones, ou encore la campagne massive d’établissement d’actes de naissance menée par le MINEDUB et ses partenaires. Ces actions, souligne la Commission, incarnent des exemples de justice sociale et réparatrice.
La CDHC réaffirme également son appui aux efforts gouvernementaux pour corriger les injustices systémiques, notamment à travers l’appui aux femmes, aux enfants sans documents d’identité, et aux communautés autochtones. Cependant elle insiste sur le fait qu’il est plus qu’urgent que la détention provisoire abusive soit sérieusement réformée. Et que s’il n’en est pas ainsi, la justice camerounaise ne pourra prétendre à l’équité.
Dans cet esprit, elle rappelle les engagements pris par le Cameroun lors du 4ᵉ cycle de l’Examen périodique universel (EPU) de mars 2024, dont huit recommandations portent sur la justice réparatrice. Enfin, elle recommande au ministère de la Communication d’intensifier les campagnes contre les discours de haine et la désinformation, pierres d’achoppement d’un véritable État de droit.
Le communiqué conclut en appelant toutes les institutions de l’État à s’impliquer dans la mise en œuvre effective de la justice réparatrice, pour les détenus abusivement incarcérés comme pour toutes les victimes d’un système encore trop inégalitaire.

Julien Efila

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