À l’occasion de la 52e Journée mondiale de l’environnement, la Commission des droits de l’homme du Cameroun(CDHC) appelle à des actions fermes et durables pour mettre fin à la pollution plastique, un fléau qui menace les droits fondamentaux.
À l’instar des nations du monde entier, le Cameroun a célébré ce 5 juin 2025 la 52e édition de la Journée mondiale de l’environnement. Cette année, l’événement est placé sous le thème : « Mettre fin à la pollution plastique mondiale ».
Dans une déclaration, l’instance en charge entre autres de la promotion et de la protection des droits humains au Cameroun, a réaffirmé son engagement à défendre le droit à un environnement sain, dénonçant à la fois la passivité de certains acteurs et la persistance de comportements nuisibles à la collectivité.
Des alternatives concrètes à promouvoir
Pour répondre à l’urgence écologique, la Commission recommande le recours à des alternatives écologiques aux plastiques traditionnels. Elle cite notamment le papier kraft, les emballages en amidon de maïs, les sacs en jute ou en coton, les bioplastiques, et même les tissus enduits de cire d’abeille végétale. Des solutions simples, disponibles et adaptables aux réalités locales, qui méritent une meilleure vulgarisation et un accompagnement institutionnel.
La CDHC salue par conséquent l’opération « Halcomi III » menée en juillet 2024, qui a permis la saisie de 25 000 emballages plastiques non biodégradables à Ekok. Une mesure rendue possible par l’arrêté conjoint du 24 octobre 2012 interdisant la production et la commercialisation de ces emballages en dessous de 60 microns. La Commission y voit une volonté politique claire. Dans le même esprit, elle félicite les actions menées par la société civile, notamment l’association Women in Climate Change Organisation, qui a organisé une vaste opération de collecte de déchets plastiques dans quatre grandes villes du pays en août 2024. Mais souligne toutefois que ces efforts restent épisodiques et peinent à s’inscrire dans une stratégie globale et cohérente.
Une prise de conscience populaire à renforcer
Selon une enquête Afrobarometer de mars 2022, 72 % des Camerounais estiment que la pollution est un problème grave, et 76 % identifient les sacs plastiques comme sa principale source. Pour la CDHC, cette perception constitue une base solide sur laquelle fonder une mobilisation citoyenne.
Mais la Commission reste préoccupée par l’incivisme de certaines populations et la gestion défaillante des déchets, notamment le dépôt sauvage dans les caniveaux, qui exacerbe les risques d’inondation.
L’autre point noir soulevé par la Commission reste la corruption, qui gangrène l’application des lois environnementales. Faible contrôle, contrefaçon, inefficacité des autorités et désengagement des citoyens sont autant de conséquences d’un système miné par l’impunité.
Elle formule à cet effet plusieurs recommandations à l’endroit du Gouvernement : durcir la législation sur les plastiques non biodégradables, instaurer une taxe sur les plastiques non recyclables, et imposer des normes d’éco-conception. Elle appelle également à la mise en place d’un système de tri à la source avec des points de collecte identifiables, pour une gestion durable et inclusive des déchets.
Julien Efila