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Au Cameroun, persistance des discriminations à l’égard des handicapées : la CDHC tire la sonnette d’alarme

Dans sa déclaration de ce 3 décembre à l’occasion la Journée internationale des personnes en situation de handicap, la Commission des droits de l’homme du Cameroun (CDHC) alerte sur la persistance d’inégalités criantes, notamment dans l’éducation, l’emploi et la santé. Elle appelle à un sursaut national pour construire des communautés réellement inclusives.
Les mots choisis par la CDHC résonnent comme un avertissement : malgré des engagements répétés, les personnes en situation de handicap restent parmi les plus marginalisées du pays.
« Vivement préoccupée » par les discriminations persistantes, la Commission souligne que les enfants handicapés, particulièrement en zones rurales, continuent de payer le prix le plus lourd, une attaque forte qui ouvre la déclaration officielle publiée à l’occasion de la Journée internationale des personnes en situation de handicap, célébrée le 3 décembre sous le thème Innovation pour l’inclusion : construire ensemble des communautés inclusives.
Dès les premières lignes, la CDHC met en lumière une réalité qui interpelle : la rareté criante des manuels scolaires en braille, l’inaccessibilité de nombreux services éducatifs, l’exclusion du marché du travail et les obstacles quasi permanents dans l’accès aux soins de santé. Autant de barrières qui contrarient les ambitions nationales et internationales en matière d’inclusion.
Si le thème mondial retenu par les Nations Unies converge avec celui du Cameroun, la Commission insiste sur la nécessité de transformer ces orientations en actions concrètes. L’inclusion, rappelle-t-elle, ne peut être effective sans innovations technologiques, aménagements urbains adaptés, dispositifs éducatifs renforcés et évolution des pratiques administratives.


La CDHC reconnaît toutefois les efforts entrepris par l’État et ses partenaires. Elle salue notamment la campagne d’implantation gratuite de prothèses auditives organisée en juin 2025 par le ministère de la Défense, en partenariat avec la Starkey Hearing Foundation, une initiative bénéfique tant pour les civils que pour les militaires. Elle met également en avant les actions menées par les organisations de la société civile, en particulier l’atelier de vulgarisation des textes juridiques au profit des personnes handicapées, organisé en juillet par le CJARC et soutenu par la Commission, le MINAS et le MINEDUB.
Au-delà des actions ponctuelles, la CDHC rappelle les données alarmantes du Rapport mondial sur le handicap, ainsi que les statistiques nationales issues du RGPH 2022 : près de 3,7 millions de Camerounais vivent avec un handicap. Parmi eux, 373 656 enfants et plus de 1,8 million de femmes. Une réalité démographique qui impose des réponses ambitieuses et coordonnées.

La Commission souligne également que six des 220 recommandations acceptées par le Cameroun lors de son passage au 4e cycle de l’Examen périodique universel (EPU) en mars 2024 sont directement liées à la thématique du handicap. Toutes ont été transmises aux administrations compétentes et aux organisations de la société civile pour mise en œuvre.
Mais l’heure n’est pas à l’autosatisfaction. Réitérant les recommandations formulées l’année précédente, la CDHC presse le gouvernement d’accroître les budgets destinés aux structures chargées du bien-être, de l’éducation, de la santé et du développement social des personnes en situation de handicap. Elle insiste également pour que les collectivités territoriales adoptent pleinement le Guide du développement local inclusif (GDLI).

Julien Efila

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