Visant à renforcer les capacités du Cameroun, à intégrer les ressources forestières dans des systèmes alimentaires durables, le projet qui s’étend à plusieurs pays, lancé le 12 décembre à l’occasion d’un atelier, ambitionne d’améliorer la sécurité alimentaire tout en préservant la biodiversité.
C’est la salle de conférence du ministère des Forêts et de la Faune qui a accueilli, ce 12 décembre à Yaoundé, l’important atelier de lancement du projet novateur intitulé : « Renforcer les capacités des pays pour permettre les contributions forestières à des systèmes agroalimentaires sains et durables ».
Organisé par la FAO, cet événement a rassemblé des représentants gouvernementaux, des experts en agriculture et en foresterie, ainsi que des acteurs de la société civile, tous unis par un objectif commun : améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition à travers une meilleure intégration des ressources forestières.
Le projet, qui bénéficie du financement propre de la FAO, vise à renforcer et institutionnaliser les capacités gouvernementales des pays participants, notamment le Cameroun, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Paraguay, les Philippines et le Viet Nam.
Il s’inscrit dans une démarche globale de coordination des questions liées à la foresterie et à l’agriculture, tout en mettant en lumière la contribution essentielle des forêts à la sécurité alimentaire et à la nutrition, tout en sauvegardant la biodiversité. « Ce projet n’est pas uniquement mis en œuvre au Cameroun, mais également dans les pays d’Amérique Latine, d’Asie et du Pacifique. Il permettra de mettre les résultats du projet dans une perspective globale et de tirer des conclusions techniques et politiques qui pourront être discutées au sein de la FAO et de ses membres », a déclaré le représentant résident de la FAO.
L’initiative se concentrera sur l’identification des aliments et systèmes forestiers à fort potentiel, en mettant l’accent sur les produits forestiers non ligneux (PFNL) tels que la mangue sauvage, le djansang, l’okok, les champignons et les chenilles, leviers importants pour renforcer la sécurité alimentaire et préserver la biodiversité. « Ces produits pourront contribuer à des systèmes agroalimentaires sains et durables et intensifier les efforts visant à améliorer la sécurité alimentaire », a souligné Nyongwen Joseph, secrétaire général du ministère des Forêts et de la Faune.
La riche biodiversité des forêts du Bassin du Congo, et plus particulièrement celle des forêts camerounaises, constitue un véritable moyen de subsistance pour la population. Le secteur forestier génère plus de 15 000 emplois directs et 170 000 emplois indirects, tout en fournissant une alimentation traditionnelle riche en fruits sauvages, noix, feuilles, insectes et animaux sauvages.
Cependant, malgré ce potentiel, l’insécurité alimentaire au Cameroun a atteint des niveaux alarmants, avec 58,5 % de la population touchée. Ce chiffre contraste avec la tendance à la baisse observée depuis 2017, selon les travaux de la FAO de 2023. L’augmentation du coût de la vie, notamment des denrées alimentaires, impacte particulièrement les ménages les plus vulnérables. Selon la Banque Mondiale, le niveau de pauvreté reste élevé et stagnant, aggravé par une croissance démographique rapide et une faible croissance économique. La FAO estime qu’environ 60,5 % de la population n’a pas les moyens de s’offrir un régime alimentaire sain.
Il est donc crucial d’identifier des aliments et des systèmes durables, sains et alternatifs, nécessitant peu d’intrants, pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la perte de biodiversité dans le pays. Ce projet représente alors une étape significative vers un avenir où les ressources forestières sont pleinement intégrées dans les systèmes agroalimentaires, garantissant ainsi la sécurité alimentaire et la durabilité environnementale.
Julien Efila