C’est le principal message véhiculé par Louis Paul Motaze ce 15 janvier à Buea. Le ministre des Finances, en visite dans l’une des régions impactées par la crise anglophone, du 14 au 16 janvier 2025, à Buea et à Limbé, a rassuré les populations sur la détermination du gouvernement à poursuivre le plan présidentiel de reconstruction de la région.
Buea, ce 15 janvier 2025. Le chef-lieu de la région du Sud-Ouest était le centre d’une cérémonie à forte charge symbolique : le lancement du Budget 2025. Cet événement, présidé par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, marquait ainsi, un tournant pour cette région encore marquée par les séquelles de la crise anglophone. Avec des investissements chiffrés à 58,8 milliards de FCFA, le gouvernement affiche sa volonté de revitaliser cette partie du pays et de renforcer la confiance des populations dans l’action publique.
Des priorités claires pour le Sud-Ouest
Dans le cadre de la loi des finances 2025, la région du Sud-Ouest bénéficie d’une enveloppe budgétaire significative, répartie entre les dotations à gestion centrale et celles à gestion déconcentrée. Ces fonds sont destinés à la concrétisation de projets structurants visant à améliorer les conditions de vie des populations locales.
Le développement des infrastructures routières, leviers pour désenclaver la région, est au cœur des priorités du gouvernement pour 2025. Parmi les projets phares annoncés, on peut citer, la réhabilitation de la route Bekoko-Limbé-Idenau, artère stratégique, essentielle pour le commerce et le transport dans la région, c’est une enveloppe de 10 milliards de FCFA qui y est dédiée ; le bitumage de la route Ekondo Titi-Kumba, projet visant à améliorer la connectivité entre ces deux localités est estimé à 7 milliards de FCFA ; le bitumage de la route Buea-Sasse-Yotutu-Limbé avec une dotation de 1 milliard de FCFA. Il en est de même pour la construction de la route Bangem-Nguti, budgétisée à 4 milliards de FCFA.
Dans le secteur énergétique, la vision c’est d’aller vers une meilleure autonomie. Pour cela, le gouvernement entend renforcer l’autonomie énergétique de la région grâce à des projets ciblés. Il s’agira, notamment de la fourniture, l’installation et mise en service du poste haute tension 90/30 kV de la Sonara, une initiative chiffrée à 1 milliard de FCFA. C’est aussi le cas de la construction d’une centrale thermique à gaz à Limbé. Le coût de ce projet ambitieux, encore en phase de sécurisation foncière, vise à stabiliser l’approvisionnement énergétique de la région.
En matière d’éducation dans l’optique de préparer l’avenir, son secteur bénéficie également d’une attention particulière avec des investissements qui visent à améliorer les infrastructures et les équipements. Parmi les projets prioritaires, on note l’achèvement de la construction et équipement du lycée technique d’Ombé. Une enveloppe de 219 millions de FCFA y est consacrée. Pour la réhabilitation et extension de la Nasla (National School of Local Administration), le gouvernement estime le projet à 600 millions de FCFA.
Les infrastructures de santé, pour sauver des vies, ne sont pas en reste. Afin d’améliorer l’offre et l’accès aux soins, le gouvernement a prévu plusieurs projets structurants dans le secteur sanitaire. Il s’agit de la construction d’un bloc chirurgical et d’hospitalisation (R+1) à l’hôpital de district de Kumba (une première phase évaluée à 60 millions de FCFA) et la construction d’une unité de soins mère-enfant à l’hôpital de district de Mundemba, un projet accompagné de la fourniture et de l’installation d’équipements médicaux, pour un montant de 215 millions de FCFA.
Un budget national résolument tourné vers l’avenir
Le lancement du Budget 2025 à Buea ne s’est pas limité uniquement aux annonces des chiffres, il faisait également l’apologie d’une vision plus large d’impulsion économique et de redynamisation des régions. Avec un budget national total de 7 317,7 milliards de FCFA, répartis entre le budget général (7 250,8 milliards) et les 11 Comptes d’Affectation Spéciale (66,9 milliards), le Cameroun mise sur des initiatives locales pour amorcer une nouvelle dynamique de croissance.
Louis Paul Motaze, en première ligne de cet exercice, a présenté les grandes orientations budgétaires, en mettant l’accent sur les mesures fiscales prévues pour stimuler l’économie et renforcer l’autonomie des collectivités territoriales. Parmi les priorités nationales, la relance des secteurs clé tels que l’agriculture, l’industrie et les infrastructures.
Une région en quête de stabilité
La tenue de cet événement à Buea, dans un contexte post-crise anglophone, revêt une importance particulière. La ville, autrefois au cœur des tensions, semble retrouver une certaine sérénité. Les marchés, comme celui de Great Soppo, reprennent vie, et les embouteillages dans les artères principales témoignent d’un retour progressif à la normale.
Cependant, les stigmates de la crise demeurent visibles. Si les incidents ont diminué, la mémoire collective reste marquée par les événements récents. Des localités comme Muea ou Mile 16, autrefois particulièrement sensibles, retrouvent peu à peu une forme de tranquillité. Les fameux « Ghost Towns », ces journées de paralysie économique imposées par les séparatistes, semblent perdre de leur intensité. Pour plusieurs responsables politiques et administratifs, ces progrès sont encourageants, mais la vigilance devrait rester de mise.
Une relance économique pour consolider la paix
Il faut dire que, le lancement du budget à Buea représente plus qu’un simple exercice administratif : il symbolise la volonté du gouvernement de placer la reconstruction et le développement des régions au cœur de ses priorités. À travers des investissements massifs et des projets concrets, le Cameroun cherche à tourner la page de la crise et à insuffler une nouvelle dynamique, où économie et paix s’entremêlent pour garantir un avenir meilleur à ses populations. Avec des projets structurants et une enveloppe budgétaire ambitieuse, la région du Sud-Ouest entame une nouvelle ère. Le défi, désormais, réside dans l’exécution efficace de ces projets afin de répondre aux attentes des populations et de consolider la confiance dans les institutions publiques.
C’est d’ailleurs pourquoi, le ministre des Finances, en parcourant les services déconcentrés de son département ministériel, a tenu à recommander, efficacité, rigueur, responsabilité dans la mise en œuvre de leurs missions régaliennes respectives. La chef de centre régional des impôts du Sud-Ouest, le trésorier payeur général de Buea, le contrôleur régional des Finances et le chef de secteur des Douanes du Sud-Ouest ont été interpellés pour une meilleure gestion des ressources ainsi mises à la disposition de leur circonscription de compétence. C’est le cas par exemple de la CDC dont les personnels ont tenu à dire merci à Paul Biya à travers Louis Paul Motaze. En effet, c’est en décembre 2024 que le chef de l’Etat avait pris la décision de remettre cette structure qui est le deuxième employeur du Cameroun après la fonction publique, sur les rails en y injectant une enveloppe de plus de dix milliards. Et pour toutes ces bonnes nouvelles, le ministre des Finances a été élevé notable du Sud-Ouest.
Fabrice ASSOUM, envoyé spécial à Buea et à Limbé