À l’occasion de la 8e édition de la Journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) appelle à une mobilisation plus accrue pour garantir l’accès universel à l’identité légale.
Célébrée chaque 10 août depuis 2018, la Journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil est devenue un jalon continental en matière de sensibilisation sur l’importance de l’identité légale. En 2025, le Cameroun ne fait pas exception, et c’est à travers une déclaration solennelle que la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) a réaffirmé son engagement à promouvoir l’enregistrement civil comme socle d’un développement durable et inclusif.
Placée cette année sous le thème : « Renforcer l’enregistrement civil pour un développement inclusif et durable en Afrique », la Journée met en lumière le rôle stratégique que jouent les faits d’état civil — naissance, mariage, adoption, décès — dans la structuration des politiques publiques et la protection des droits humains.
La CDHC salue les avancées juridiques majeures enregistrées dans le pays, notamment l’adoption de la loi n° 2024/016 du 23 décembre 2024 portant organisation du système d’enregistrement des faits d’état civil au Cameroun. Ce texte fondamental, fruit d’un plaidoyer initié par la Commission en mars 2022, constitue un jalon déterminant pour moderniser un système souvent jugé archaïque et inégalitaire.
Parmi les initiatives saluées, figure la seconde phase de l’opération spéciale de délivrance des actes de naissance, lancée en mars 2025. Cette campagne ambitieuse vise à enregistrer plus d’un million d’élèves du primaire, avec un financement de 2,4 milliards de francs CFA, soutenu notamment par la Banque mondiale.

Le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), de son côté, a signé en décembre 2024 des contrats avec 12 municipalités, pour l’enregistrement de 14 222 enfants, soutenu par un financement de 142 millions de francs CFA, couvrant sept Régions. Cette démarche vise à réduire le nombre d’enfants « invisibles » dans les bases de données administratives, phénomène qui les prive de droits fondamentaux tels que l’éducation, la santé ou la protection juridique.
Sur le terrain, la sensibilisation progresse aussi. La campagne menée en août 2024 à Babadjou, dans la Région de l’Ouest, a permis de toucher plus de 500 personnes dans les zones rurales, et a abouti à l’engagement des autorités locales à ouvrir deux nouveaux centres secondaires d’état civil. Un guide en langue locale a également été produit pour faciliter l’accès à l’information.
Selon le rapport 2024 de l’UNICEF Cameroun, 245 029 enfants ont été enregistrés à l’état civil, avec un soutien technique au Bureau national de l’état civil (BUNEC).
La CDHC rappelle aussi que trois des 220 recommandations acceptées par le Cameroun lors de son Examen périodique universel (EPU) en mars 2024 concernent directement le droit à l’identité. Ces recommandations ont été transmises aux institutions étatiques et aux OSC pour mise en œuvre.
Enfin, la Commission invite le ministère de la Décentralisation et du Développement local (MINDDEVEL) à organiser des formations pour les autorités traditionnelles, souvent en première ligne dans les procédures d’état civil, afin d’améliorer leur compréhension et leur capacité à agir.

