À l’occasion de la 8e édition de la Journée africaine de la détention provisoire, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) a dénoncé la surpopulation carcérale et les abus liés à la détention provisoire, tout en appelant à des réformes législatives et à une meilleure prise en charge des détenus.
De concert avec l’ensemble des pays du continent, le Cameroun a célébré la 8ᵉ édition de la Journée africaine de la détention provisoire ce 25 avril 2025. À cette occasion, la CDHC a publié une déclaration marquante.
Dans le document parvenu à notre rédaction, l’instance présidée par James Mouangué Kobila met en lumière la situation préoccupante des prisons camerounaises, où la capacité d’accueil est largement dépassée. En effet, le taux d’occupation des prisons a atteint 177,28 % en 2024, une augmentation significative par rapport aux 159 % enregistrés en 2019. Cette surpopulation carcérale, qui a augmenté d’environ 21,5 % en cinq ans, souligne l’urgence d’une réforme du système pénitentiaire.
La Commission condamne également de façon ferme les cas de détention provisoire abusive, citant notamment le cas de M. Ousman Chetima Djamaldini, qui a été incarcéré sans justification adéquate pendant une période prolongée. Ce cas illustre les lenteurs du système judiciaire et les abus qui en découlent, rendant nécessaire une action immédiate pour protéger les droits des détenus.
Parmi les préoccupations soulevées, la Commission a noté le déficit de personnel pénitentiaire, avec un ratio alarmant de 1000 détenus pour un seul gardien, ce qui entrave une gestion efficace et humaine des établissements pénitentiaires. La lenteur dans la mise en œuvre des réformes législatives et judiciaires a également été critiquée, freinant les efforts pour réduire les abus liés à la détention provisoire.

Toutefois, l’organe en charge de la promotion et de la protection des droits humains au Cameroun salue les réactions positives de certaines structures de l’État suite à ses précédentes déclarations, notamment celle des services du Premier ministre, qui ont pris des mesures pour répondre aux préoccupations soulevées. De plus, la commission met en avant les recommandations acceptées par l’État lors de l’Examen périodique universel, qui visent à garantir la transparence de l’administration publique et à lutter contre la corruption.
Pour finir, la Commission formule des recommandations spécifiques au ministère de la Santé publique pour garantir un accès adéquat aux soins de santé pour les détenus, ainsi qu’au ministère des Affaires sociales pour la mise en place de programmes de réinsertion sociale. Ces mesures sont essentielles pour améliorer les conditions de détention et favoriser la réhabilitation des personnes incarcérées.
Julien Efila

