Entre 2024 et 2025, le Cameroun a enregistré une diminution notable du nombre de personnes déplacées de force. Une évolution attribuée aux actions conjointes des acteurs étatiques et non étatiques, alors que la CDHC et le HCR organisent à Yaoundé un atelier de renforcement des capacités pour améliorer la prise en charge de ces populations
En janvier 2024, le nombre de personnes déplacées de force au Cameroun était estimé à 2 222 702, dont 478 469 réfugiés et 1 075 252 personnes déplacées internes (PDI). En 2025, ce chiffre est passé à 2 099 730, comprenant 969 273 PDI et 412 479 réfugiés, soit une baisse de 165 507 réfugiés et de 61 684 PDI. Cette diminution résulte d’une synergie grandissante entre les acteurs étatiques et non étatiques impliqués dans la gestion humanitaire.
Ces déplacés internes, majoritairement des femmes et des enfants, continuent néanmoins de faire face à de nombreux défis : précarité financière, problèmes socio-sanitaires et limitations de leur liberté de circulation en raison des difficultés liées à leur identification. Cela affecte leurs interactions avec les forces de défense et de sécurité, les responsables de l’application de la loi, ainsi que les démarches de réinsertion sociale.

C’est dans ce contexte que la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), investie d’un mandat de promotion et de protection des droits humains conformément à l’article 4 de sa loi habilitante, organise conjointement avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) un atelier de renforcement des capacités, du 25 au 27 novembre prochain, à l’hôtel Star Land de Yaoundé.
Les actions de la CDHC dans la protection des déplacés internes
Au-delà de son rôle de plaidoyer, la CDHC mène depuis plusieurs années des actions concrètes en faveur des personnes déplacées internes. Elle effectue régulièrement des missions de monitoring, d’enquête et de documentation dans les zones touchées par les crises sécuritaires, notamment dans l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Ces descentes de terrain permettent de mieux comprendre les besoins réels des populations, d’identifier les violations dont elles pourraient être victimes et de formuler des recommandations précises aux autorités pour renforcer leur protection.
L’instance présidée par, James Mouangué Kobila, s’emploie également à sensibiliser et former les acteurs étatiques, forces de sécurité, personnels administratifs, autorités judiciaires afin d’améliorer leur compréhension des droits des déplacés internes. Ces sessions portent notamment sur la liberté de circulation, l’accès aux documents d’identification, les garanties de protection contre les abus et les bonnes pratiques dans l’accompagnement administratif et social des personnes déplacées.
En partenariat avec les organisations internationales, la CDHC œuvre également à la promotion de solutions durables : retour volontaire sécurisé, intégration locale ou réinstallation. Elle soutient la mise en place de mécanismes d’accompagnement visant à faciliter la réinsertion socio-économique et le retour à la dignité de ces populations, tout en veillant au respect des normes internationales, notamment les Principes directeurs des Nations Unies relatifs au déplacement interne.
L’ouverture de la session a eu lieu ce 25 novembre 2025, sous la présidence du Vice-Président de la Commission des Droits de l’Homme, en collaboration avec le représentant du HCR.
L’atelier vise à renforcer les capacités des personnels des administrations camerounaises et des acteurs non étatiques en contact avec les réfugiés, demandeurs d’asile, déplacés internes et apatrides, notamment en matière d’outils et de bonnes pratiques nécessaires à l’accomplissement de leurs missions.
« Le HCR travaille main dans la main avec les autorités du Cameroun depuis de nombreuses années pour la protection des personnes déplacées internes et apatrides. Nous réaffirmons notre engagement à apporter cette protection, conformément au mandat du HCR fondé sur la recherche de solutions durables. La Commission des Droits de l’Homme est engagée dans la promotion de solutions alternatives et durables », a déclaré le Représentant adjoint du HCR, M. Jérôme Sébastien Franck Merlin.
Il a également rappelé la difficulté actuelle liée à la réduction des financements :
« Cela nous oblige à repenser nos obligations, à réfléchir sur la manière de continuer à protéger tout en travaillant différemment. Nous envisageons d’impliquer davantage les acteurs du développement et du secteur privé. Nous militons pour que ces personnes, au-delà de la protection, aient un accès facilité à l’éducation et au rapprochement volontaire pour ceux qui le souhaitent. Nous allons poursuivre notre engagement vis-à-vis du Cameroun », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le Dr Raphaël Galega Gana, Vice-Président de la CDHC, a insisté sur la nécessité d’un engagement renforcé des autorités camerounaises afin de soutenir les efforts en cours et de garantir des solutions alternatives et durables. Cet atelier marque une nouvelle étape dans la mobilisation conjointe pour la protection durable des populations déplacées de force au Cameroun.
Julien Efila

