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Addis-Abeba, 7ᵉ dialogue politique UA-RINADH : La CDHC appelle à la justice réparatrice pour l’Afrique

James Mouangué Kobila, le président de l’instance en charge, entre autres, de la promotion et de la protection des droits humains au Cameroun, a souligné l’importance d’une justice équitable et concrète pour les peuples africains afin de réparer les préjudices liés à l’esclavage, au colonialisme et au racisme systémique.

Du 7 au 9 mai, à Addis-Abeba en Éthiopie, s’est tenu le 7ᵉ dialogue politique entre la Commission de l’Union africaine (CUA) et le Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’homme (RINADH). Un événement majeur qui a rassemblé des représentants de l’Union africaine, les présidents d’institutions nationales des droits de l’homme ainsi que des acteurs de la société civile.
À l’occasion de cette rencontre, au nom du comité directeur du RINADH, le Pr James Mouangué Kobila a pris la parole, rappelant tout d’abord le rôle fondamental de ce forum depuis sa création en 2017. Il a insisté sur le fait que cette plateforme constitue un espace de dialogue, d’évaluation et de renforcement des institutions nationales des droits de l’homme (INDH) à travers le continent, tout en favorisant la coopération intra-africaine en matière de droits humains.


Par la suite, il a abordé un sujet d’une importance historique et contemporaine : la justice réparatrice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine. Il a souligné que cette thématique, inscrite dans le cadre du 7ᵉ forum, est également au cœur des préoccupations du Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale, qui doit tenir une discussion générale sur le sujet en avril 2025. Selon lui, cette démarche vise à élaborer une recommandation générale sur les réparations pour les préjudices liés à l’esclavage, au colonialisme et aux injustices systémiques. Il a insisté sur la nécessité d’agir avec fidélité à la vérité historique, avec courage moral et détermination, en passant à des actions concrètes pour réparer les torts du passé.
Appelant à une justice réparatrice de plus en plus effective pour les peuples africains, le Pr a tout de même tenu à évoquer plusieurs initiatives emblématiques, telles que la restitution d’objets pillés par des puissances étrangères. Au Ghana, par exemple, en 2025, des artefacts du royaume Ashanti ont été rendus après 150 ans. Huit artefacts du peuple Lebialem ont été restitués en 2024 au Cameroun par l’Allemagne ; la France a restitué en 2021 des œuvres d’art du Bénin, et le Metropolitan Museum of Art de New York a rapatrié un cercueil égyptien en 2019.
Il a également évoqué l’engagement international, notamment lors du Forum permanent des Nations unies sur les personnes d’ascendance africaine, en avril 2025, où l’Union africaine et la communauté caribéenne ont appelé à des actions concrètes pour la réparation des préjudices liés à l’esclavage, au colonialisme et au racisme systémique.

Le Pr Mouangué Kobila a rappelé que la réparation des crimes historiques ne doit pas être perçue comme une charité ou un simple acte d’apaisement, mais comme une démarche fondée sur la justice, la souveraineté, l’humanité et l’équité. Il a souligné que l’Afrique a longtemps souffert de l’exploitation, de l’esclavage, de la domination raciale et du pillage de ses ressources, laissant des séquelles profondes : pauvreté, marginalisation, identités meurtries.
Il a insisté sur la nécessité pour les institutions nationales des droits de l’homme de jouer un rôle central dans cette lutte, en documentant les crimes, en apportant une expertise juridique indépendante, en sensibilisant les jeunes et en institutionnalisant la mémoire collective.
Enfin, le président de la CDHC A appelé à une approche multi-acteurs, où gouvernements, institutions régionales, société civile et leadership local doivent unir leurs efforts pour transformer les bonnes intentions en résultats concrets. La mise en œuvre effective des instruments juridiques, la responsabilisation des États et le respect des décisions des organes de protection des droits humains sont essentiels pour renforcer la crédibilité du système africain.

Julien Efila

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