À quelques jours d’une conférence inédite sur l’éthique chrétienne dans les affaires, l’Association des Leaders chrétiens du Cameroun (ALECC) a dévoilé les ambitions d’un rendez-vous qui entend réconcilier foi, vertu et entreprenariat.
Il est des thèmes qui, d’emblée, interpellent. Et celui choisi par l’ALECC en fait partie : peut-on réellement faire des affaires à la lumière de l’éthique chrétienne selon la Bible ? À l’occasion d’un point de presse tenu le 5 décembre dernier à Yaoundé, cette association chrétienne a présenté les contours d’une conférence prévue le 10 décembre prochain au siège de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun. Une rencontre annoncée comme un temps fort de réflexion pour les entrepreneurs chrétiens.
D’entrée de jeu, Marc René Tchuitcheu, administrateur directeur général de l’Imprimerie Saint Augustin et président national de l’ALECC, a planté le décor : l’objectif est de rappeler qu’il est possible d’être vertueux dans le monde des affaires, et que la Bible demeure une boussole incontournable pour guider les décisions économiques. « Nous voulons démontrer qu’on peut faire les affaires la Bible en main, en croyant en Dieu et en demeurant ferme dans sa foi, sans craindre de respecter l’éthique chrétienne », a-t-il déclaré face aux hommes et femmes des médias.
La conférence s’attardera sur plusieurs axes majeurs, parmi lesquels quatre principes éthiques fondamentaux : l’intégrité, le respect de la dignité de la personne humaine, le respect du bien commun et la conscience professionnelle. Selon l’ALECC, ces valeurs doivent constituer la colonne vertébrale de toute activité économique menée par un chrétien.

Pour illustrer cette orientation, la Sœur Madeleine Ovah, enseignante à l’UCAC, a mobilisé plusieurs passages bibliques. Citant notamment les prophètes Michée (6:10-12) et Amos (8:4-6), elle a rappelé que la dénonciation des pratiques économiques injustes fait partie intégrante du message biblique. « La justice sociale est un acte de fidélité à Dieu ; l’absence d’éthique dans les affaires conduit toujours à la rupture de l’alliance », a-t-elle souligné. Elle a également convoqué la pensée de Saint Jean Chrysostome, pour qui « l’or et l’argent appartiennent à Dieu », rappelant ainsi que toute richesse doit être gérée dans le respect de la dignité humaine et des prescriptions divines.
Pour l’ALECC, cette conférence s’inscrit dans la dynamique de l’année jubilaire de l’espérance chrétienne 2025. Il s’agit d’une contribution concrète à la formation éthique des acteurs économiques chrétiens, mais aussi d’un plaidoyer en faveur d’un entrepreneuriat responsable. L’association ambitionne de montrer que l’entreprise peut être un lieu de vertu, un espace où la solidarité, le respect du bien commun et l’humanité peuvent cohabiter avec performance, rentabilité et innovation.
Par Julien Efila

