La rentrée scolaire du 9 septembre 2024 au Cameroun se déroule dans un climat complexe, marqué par une série de défis qui traduisent les réalités sociales, politiques, et économiques du pays. Plusieurs éléments structurants, anciens et nouveaux, font de cette rentrée un moment charnière pour le système éducatif.
L’un des premiers constats réside dans la question des manuels scolaires, où la nouveauté peine à masquer la rareté. L’accès aux manuels devient une course contre la montre pour de nombreuses familles. La situation est d’autant plus critique dans les régions où la logistique reste précaire, laissant de nombreux élèves sans matériel adéquat en ce début d’année.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise sociopolitique prolongée, la rentrée scolaire s’apparente à un parcours du combattant. L’école y fonctionne néanmoins, avec des fermetures d’établissements, des enseignants en sous-effectif et des familles prises en étau entre insécurité et volonté de scolariser leurs enfants. L’accès à l’éducation reste, ici aussi, un enjeu important, souvent compromis par des tensions armées et des menaces pesant sur le personnel enseignant.
La question des établissements scolaires clandestins revient de manière récurrente dans plusieurs localités du pays. Ces structures, qui opèrent souvent sans autorisation, entretiennent un jeu de cache-cache avec les pouvoirs publics. Elles exploitent la demande croissante d’éducation, mais à quel prix pour les élèves ? L’État peine à réguler ce phénomène, laissant place à des risques pour l’avenir éducatif de milliers d’enfants.
Les frais d’association des parents d’élèves et des enseignants (APEE) continuent d’alourdir la facture de la rentrée. Les montants exigés varient souvent d’un établissement à l’autre, alimentant frustrations et incompréhensions chez les parents. Malgré les multiples appels des autorités à la modération, cette pratique perdure, ajoutant une charge financière non négligeable aux dépenses de rentrée.
Dans la région de l’Extrême-Nord, à Yagoua particulièrement, la rentrée scolaire a pris une tournure dramatique avec les inondations qui ravagent la région. L’eau envahit les écoles, les routes sont coupées et des centaines de familles sont contraintes à l’exode. Cette catastrophe naturelle rend encore plus difficile un retour à l’école déjà marqué par des défis liés à la pauvreté et à l’insuffisance des infrastructures.
Le malaise des enseignants semble s’estomper, mais ils restent confrontés à des conditions de travail précaires et accusent quelques arriérés. Ce climat pourrait miner la qualité de l’enseignement et compromettre l’engagement des éducateurs tout au long de l’année.
Enfin, les parents d’élèves ne sont pas en reste. Ils continuent de subir de plein fouet la montée des coûts de la vie, rendant les dépenses liées à l’éducation toujours plus difficiles à supporter. Entre l’achat des fournitures scolaires, les frais d’inscription et les divers autres frais annexes, la rentrée représente un “gouffre financier” pour la majorité des familles camerounaises.
En somme, cette rentrée scolaire 2024 au Cameroun expose les défis persistants du système éducatif. Si certaines régions peuvent se réjouir de quelques nouveautés, la plupart des familles continuent de faire face à des obstacles qui rappellent les difficultés structurelles du pays en matière d’accès à l’éducation pour tous.
Face à l’Atlantique, le 10 septembre 2024
MOI

